Discours d’Hubert Falco pour le 74ème anniversaire de la Libération de Toulon

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Préfet Maritime,
Mesdames les députés,
Monsieur le vice-président, représentant le Président du Conseil Régional,
Monsieur le vice-président, représentant le Président du Conseil Départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,

C’est toujours avec une grande émotion que nous nous retrouvons ici, le 28 août, date anniversaire de la libération de Toulon, devant le monument aux morts, pour rendre hommage au courage et à l’héroïsme des combattants qui ont permis à notre ville, à notre région, puis à notre patrie tout entière de retrouver la liberté.

Le 15 août 1944, les forces alliées débarquent sur les plages varoises.

Moins de 15 jours après le débarquement de Provence qui a consacré la renaissance de l’armée française, Toulon est la première grande ville entièrement libérée par elle.

La lutte a été d’une rare violence et le bilan est terrible. Les pertes de l’armée française s’élèvent à 2 700 tués ou blessés. On compte près de 300 victimes parmi les résistants.

Les quais, les rues, les places sont dévastés par les bombardements aériens et les combats d’artillerie. La ville est détruite à près de 50%.

Mesdames et Messieurs, en août 1944, des soldats ont combattu ici pour que nous restions des hommes libres.

Ils ont rendu à la France l’espérance.

Américains, Canadiens, Britanniques, soldats de la France libre, soldats au grand jour ou combattants clandestins, tombés avant la victoire ou ayant survécu, tous, sur les champs de bataille comme dans les maquis, ont conjugué leurs forces pour libérer notre patrie, notre continent, de la barbarie nazie et de sa folie meurtrière.

Souvenons-nous particulièrement des soldats de la 3ème D.I.A., de la 1ère D.F.L., de la 9ème D.I.C., qui ont mené la bataille de Toulon.

Chasseurs d’Afrique, goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves, leurs noms résonnent pour toujours dans nos mémoires.

Souvenons-nous du général de Lattre de Tassigny, des généraux de Monsabert, Brosset, Magnan, de Larminat…

Comme le Général de Gaulle, chef de la France Libre l’avait voulu, ces soldats étaient au rendez-vous de l’histoire.

Ils sont pour nous les symboles du courage et de l’engagement, de l’honneur et du dépassement suprême.

Si cette cérémonie est placée sous le signe de l’histoire, sous le signe de la mémoire, je souhaite aussi la placer sous le signe de la transmission.

C’est une vraie chance d’avoir encore aujourd’hui parmi nous des anciens combattants, des anciens résistants, porteurs de la mémoire vive de la guerre, même s’ils sont, hélas, année après année, de moins en moins nombreux.

Malgré le temps qui passe, malgré l’âge qui avance inexorablement, en dépit de la fatigue souvent et de la maladie parfois, ils sont ici. Présents.

Comme ils ont été présents, tout au long de leur vie, avec les membres des associations patriotiques et leurs porte-drapeaux, pour rappeler dans les cérémonies du souvenir les sacrifices consentis par tous leurs camarades, connus ou inconnus, tombés au champ d’honneur ou qui les ont quittés depuis.

Je voudrais en cet instant rappeler la mémoire du Capitaine de Vaisseau André Lemaire, disparu il y a quinze jours à peine, et qui devait être parmi nous ce soir, dernier Président régional de l’Association des Combattants volontaires évadés de France par l’Espagne.

Chacun d’entre eux a su, à sa manière, continuer à faire vivre les valeurs qu’ils avaient défendues : la paix, la liberté, la démocratie, afin que les jeunes générations puissent s’inspirer de ce qu’a été leur combat, leur engagement, leur idéal.

Bientôt, nous n’aurons plus de témoignages vivants. La mémoire deviendra l’Histoire.

Je voudrais souligner ici le rôle des enseignants qui ont la responsabilité de transmettre l’histoire à leurs élèves et qui le font avec passion.

C’est grâce à son histoire que se construit un pays, c’est pourquoi la transmission est si importante.

Transmettre, c’est expliquer ce que furent les valeurs et les sacrifices des Résistants et des soldats de la Libération, c’est donner aux jeunes générations une conscience citoyenne et française.

Transmettre, c’est dire les horreurs subies au nom d’idéologies monstrueuses.

Transmettre, c’est rappeler la nécessité de se rassembler pour lutter ensemble contre l’inacceptable.

Transmettre, c’est dire aussi que si le nazisme a été vaincu, il n’en reste pas moins que le racisme, l’antisémitisme demeurent et peuvent ressurgir sous des formes que l’on n’avait pas forcément imaginées.

Des fléaux nous menacent, comme le révisionnisme, l’altération de la mémoire, l’oubli de nos valeurs, l’effacement de notre volonté de les faire vivre.

Ils doivent être prévenus avec la même vigilance et nous devons les combattre avec la même énergie.

Commémorer, ce n’est pas vivre dans le passé.

C’est puiser dans l’histoire des ressources pour l’avenir.

Les cérémonies du souvenir témoignent d’un attachement partagé des Français pour tout ce qui touche à l’histoire et au travail de mémoire.

M’adressant aux vétérans qui sont parmi nous aujourd’hui, je voudrais dire notre reconnaissance pour leur engagement.

Dans le mot « reconnaissance », trois notions s’expriment : la mémoire, la gratitude et le respect.

Nous n’oublions pas le lourd tribut payé par les populations, les victimes civiles, les veuves et les orphelins de la deuxième guerre mondiale.

Et nous rendons hommage aux « Justes de France » et à tous ceux qui ont su réagir courageusement face à la barbarie nazie au nom des valeurs de tolérance et d’humanité.

Alors que la menace terroriste reste très présente, réunis par le devoir de mémoire en hommage à nos libérateurs, rendons hommage à nos militaires, à nos soldats, à nos aviateurs, à nos marins qui, chaque jour, donnent le meilleur d’eux-mêmes pour servir la France et défendre ses valeurs à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, partout dans le monde.

Et en rendant hommage à toutes celles et tous ceux qui veillent à la sécurité du territoire national, tous corps de métiers confondus, j’ai une pensée particulière pour le Colonel Arnaud Beltrame qui, en mars dernier, a donné sa vie pour sauver un otage.

Son geste était celui d’un héros, porte-drapeau de la cohorte de celles et de ceux qui, dans leurs missions, ont donné leur vie au service de la France.

En cet instant de recueillement, je souhaite associer leur souvenir, avec respect et reconnaissance, à celui de ces hommes et de ces femmes qui, en cet été 1944, ont donné leur vie pour que nous soyons des hommes libres et pour que Vive la France.

Vive Toulon !
Vive la République !
Vive la France !