Retour sur le Centenaire de l’Armistice à Toulon

Discours d’Hubert Falco, Place Gabriel Peri

Il est des lieux où l’on sent passer le souffle de l’histoire ; des lieux qui marquent durablement la mémoire d’un peuple, des lieux où l’on a la certitude d’appartenir à une même nation, de partager une mémoire et un destin communs.

La clairière de Rethondes est de ces endroits-là.

Son nom fait partie de l’histoire de France et de l’histoire de l’Europe. Il est inscrit dans notre imaginaire national depuis que, le matin du 11 novembre 1918, des hommes, qui s’étaient livré une guerre totale durant quatre longues années, conclurent un armistice.

Et dans cette clairière de la forêt de Compiègne, dans l’Oise, choisie par le Maréchal Foch parce qu’elle était « calme, isolée, silencieuse », tout le tumulte de la guerre s’arrêtait.

Au front, les clairons retentirent à 11 heures pour annoncer la fin des combats sur le front occidental.
Dans le pays tout entier, les cloches sonnèrent à toute volée.

La guerre s’arrêtait. Mais rien ne se dissipait.

L’Europe pleurait 10 millions de morts et soignait 20 millions de blessés. Des générations entières avaient disparu dans l’enfer des tranchées.

Ils avaient vingt ans à peine, ils avaient des rêves et des espoirs. La vie les appelait et ils ont tout donné, jusqu’à leur vie même.
Ils méritent notre respect et notre reconnaissance.
Ils méritent que l’on veille sur leur mémoire.

De génération en génération, toutes les familles françaises se sont transmis la mémoire de la Grande Guerre.

Face à vous, derrière moi, telle une allégorie de la France, brisée, meurtrie devant ses morts, une femme voilée étend ses bras protecteurs et miséricordieux sur les soldats alignés devant elle.
A Toulon, comme dans toutes les communes de France, des grandes villes jusqu’au plus petit de nos villages, nos monuments aux morts érigés à la mémoire des combattants de la guerre de 14/18 témoignent de ce que fut la Grande guerre : aucune famille ne fut épargnée par la perte de l’un des siens.

En août 1914, au début du conflit, chacun s’attendait à une guerre courte et victorieuse, et beaucoup voulaient croire, à l’époque où ce monument aux morts fut commandé, que cette guerre allait être « la der des der », ouvrant la voie à une « paix juste et éternelle ».
Nous savons qu’il en fut malheureusement tout autrement.
Car ceux qui avaient connu toutes les épreuves de la grande guerre durent se résoudre, vingt ans plus tard, à un nouveau conflit mondial.

Je suis allé à Rethondes, lorsque j’étais Secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants. J’ai eu cet honneur.
Je suis allé à Verdun.
Verdun, le nom de la plus effroyable des guerres.
J’y suis allé pour la première fois le 20 décembre 2009.

Ce que l’on ressent en venant à Verdun, dans ce département de la Meuse qui nous offre en même temps la beauté de ses paysages et la tragédie de son histoire, lorsqu’on va se recueillir dans la nécropole de Douaumont, lorsqu’on essaie d’imaginer ce qui s’est passé durant la première guerre mondiale, lorsqu’on essaie d’imaginer l’inimaginable, alors un seul mot vient à l’esprit.

Ce mot, c’est celui des anciens combattants de la grande guerre, des survivants de l’enfer des tranchées : « Plus jamais ça ! »
Ces mots, je les ai personnellement très souvent entendus en tant que petit-fils de poilu.
Et je souhaite en cet instant avoir une pensée particulière pour mon grand-père maternel qui, comme beaucoup de vos grands-pères sans doute, a combattu à Douaumont ou sur ces terres de mémoire.

Ce jour de décembre 2009 à Verdun, au Centre mondial de la Paix, j’ai signé la première convention entre une collectivité territoriale (c’était le Conseil Général de la Meuse) et l’Etat, pour mettre en place, dans ce département dévasté par quatre années de combats effroyables, un ambitieux programme de développement mémoriel en préparation du Centenaire de la Grande Guerre.
Parce que le nom de Verdun fait partie de l’histoire de France et de l’Europe, parce que le nom de Verdun est indissociablement lié à notre identité nationale, c’est à Verdun que nous avons en quelque sorte lancé les prémices du cycle mémoriel qui s’est ouvert en 2014 et se termine ici, aujourd’hui 11 novembre 2018.

Le Maréchal Foch disait : « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. » J’ajouterai même : un peuple sans mémoire est un peuple sans identité.

Alors que le dernier combattant de la Grande Guerre a disparu il y a dix ans maintenant – Lazare Ponticelli, le dernier poilu français, est mort en 2008 – le temps de l’histoire succède à celui du souvenir.

La France, aujourd’hui, commémore ses soldats de 1914. Ils étaient des héros.
A Verdun, à Douaumont, au Chemin des Dames, ils ont enduré tout ce qu’un homme est capable de subir. Et bien au-delà encore.

Ils ont tout donné : leur jeunesse, leurs plus belles années, leur courage et, souvent, leur vie.
Pour la République, pour la Liberté, pour la terre de France et le message d’humanité qu’elle porte.
Ils ont droit à notre respect et à celui de la nation tout entière.

Nous avons le devoir, nous avons aussi la volonté de transmettre leur mémoire et leur exemple aux jeunes générations.

Le jour venu, ces nouvelles générations devront à leur tour passer le témoin et transmettre la mémoire de cette guerre et l’amour de notre Pays à ceux qui les suivront…

C’est en effet vers les jeunes et en direction du grand public qu’une politique de la mémoire prend aujourd’hui tout son sens ; celui d’une éducation à la citoyenneté et aux valeurs qui fondent notre République.

En cette année du centenaire, alors qu’en cet instant, sous l’Arc de Triomphe, à Paris, la France commémore cet armistice avec l’ensemble des nations engagées dans ce conflit, à Toulon, aussi, cette cérémonie revêt un éclat tout particulier.

En effet, des élèves du Collège Peiresc sont allés recueillir, pour l’apporter ici-même, cette flamme du souvenir qui brûle, depuis 1923, devant le tombeau du soldat inconnu comme un perpétuel souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour la France.

Depuis près d’un siècle, cette flamme ne s’est jamais éteinte, même sous l’Occupation.
Le rituel est immuable : chaque soir, au crépuscule, la flamme sacrée est ravivée au cours d’une cérémonie qui réunit hommes et femmes de tous horizons.

Cette flamme, j’ai eu le grand honneur de la raviver, à plusieurs reprises, avec beaucoup d’émotion, dans mes responsabilités nationales.
Des jeunes sont systématiquement associés à cette cérémonie. Ils viennent de toute la France et parfois de l’étranger pour se recueillir et réfléchir sur le prix de la paix et de la liberté.

Merci, chers élèves, mes chers enfants, d’être là, porteurs de cette flamme sacrée.
Jamais le terme de porte-flambeau n’a été si bien mérité que par vous-mêmes.

Et merci à vos enseignants de vous avoir accompagnés sur ce magnifique chemin de mémoire qui, de l’Arc de Triomphe au Collège Peiresc vous a conduits jusqu’à ce monument aux morts où nous sommes réunis.

Cette flamme vivante entre vos mains, c’est la flamme du souvenir.
Entre vos jeunes mains, elle signifie aussi que la relève est là.
Elle est le symbole de l’espérance en l’avenir et de la foi dans le destin de notre pays.
Elle symbolise l’amour de notre pays, le courage de ceux qui sont tombés pour lui.

Elle symbolise la paix, ce bien précieux que nous devons préserver, cette « paix juste et éternelle » que les combattants et les témoins de 14/18 ont espérée et n’ont pas connue, la paix en Europe.
Je disais tout à l’heure que c’est à vous, aux jeunes générations, que reviendra bientôt le travail de mémoire.

Il vous appartiendra aussi de préserver cette paix.

Dans cette flamme vivante, ardente, je vois aussi la France, notre France.

Cette flamme éternelle…
La France éternelle.

Vive la République !
Vive la France !

Retour en images sur la cérémonie

Centenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'ArmisticeCentenaire de l'Armistice