Hubert Falco dans Var Matin : « L’expérience n’est pas un détail »

Retrouvez la grande interview de notre Maire, Hubert Falco, publiée ce mardi dans le quotidien Var Matin. L’occasion pour notre Maire de présenter notamment les grands dossiers qui feront la Ville de Toulon de demain.

Toulon, les Gilets jaunes, sa famille LR, les prochaines élections municipales ou encore les grands dossiers qui feront la ville de demain : au cours d’un long entretien, Hubert Falco a évoqué les sujets qui font l’actualité locale et nationale.

Quel est votre regard sur la crise des Gilets jaunes ?
Cette colère est profonde. Elle va au-delà des Gilets jaunes. Ça fait quand même très longtemps qu’elle remonte. Et il n’y a pas que les Gilets jaunes en colère. Il y a aussi des maires. En octobre 2017, ceux de l’agglo avaient signé une motion d’inquiétude.

À quoi cette colère est-elle liée selon vous ?
Emmanuel Macron n’est pas responsable de tout. Ce qui a choqué et attisé cette colère, c’est un comportement. On n’a plus regardé les corps intermédiaires. On a ignoré les maires. On a voulu gouverner seul et d’en haut. C’est cette gouvernance qui a déçu et choqué.

Vous pensez que c’est l’ensemble du personnel politique qui est contesté ?
Non. Ce n’est pas le procès du personnel politique. Le problème, c’est le pouvoir d’achat. Ce sont les difficultés des retraités. Les Gilets jaunes ne manifestent pas contre le pouvoir politique… et heureusement. Je rappelle que 58 % des Français aiment leur maire. On ne va pas remettre en cause la démocratie et la Constitution. Soyons sérieux ! Le pays a besoin de sérieux. On a constitué un Parlement hors-sol. Je ne juge pas la qualité des femmes est des hommes, mais vous savez, l’expérience ce n’est pas un détail.

L’amateurisme, ça ne dure qu’un temps. Aujourd’hui, on découvre les territoires et on dit de s’appuyer sur ceux qui ont les pieds par terre. Mais il y a un an et demi, on n’était plus bon à rien.

Y a-t-il des idées qui vous intéressent dans ce que disent les Gilets jaunes ?
Il y a un peu de tout. Ils parlent du pouvoir d’achat. Je les entends, j’ai discuté avec eux, mais c’est confus. C’est un mécontentement général.

‘‘Ce qui va compter, ce sont les résultats, pas les promesses, ni les débats”

Comment sortir de la crise ?
Ce qui va compter, ce sont les résultats. Pas les promesses, ni les débats. Attention de ne pas attiser une colère encore plus lourde. La suite à tout ça, c’est le chaos. Et qui profite du chaos ? Les extrêmes !

Vous pensez que le débat peut calmer les choses ? Quel rôle pouvez-vous jouer en tant que maire ?
Ce débat est confus. Les maires peuvent être des facilitateurs en prêtant des salles par exemple. Mais je ne peux pas devenir le Monsieur Loyal du gouvernement. Je veux bien parler de mes responsabilités municipales ou territoriales, mais je ne peux pas devenir le représentant du président de la République dans un débat. Je ne peux répondre sur rien.

‘‘On a constitué un parlement hors-sol”

Ce mécontentement général s’exprime-t-il par les Gilets jaunes parce qu’il y a une crise de l’opposition ?
Non. Il n’y a pas de crise de l’opposition. Aujourd’hui, ce sont les extrêmes qui s’expriment le plus fort.

Que pensez-vous de la situation des Républicains ?
Ma famille politique a subi le cataclysme de l’élection présidentielle. Un mois avant le premier tour, on était au pouvoir et mes amis se partageaient les rôles ministériels. Dans ma famille politique, les bons sont sous les abris. Ma famille politique a besoin de rassemblement. Aujourd’hui, je suis un homme libre, plus que jamais. Libre de dire ce que j’ai envie de dire. Je leur dis qu’il faut se rassembler. Ce n’est pas normal que François Baroin, Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand ne s’expriment pas. Ce sont des gens de qualité et on ne les entend pas.

Vous ne parlez pas de Laurent Wauquiez…
Monsieur Wauquiez, il a fait ce qu’il a pu. Dans une famille déchirée, c’est dur. Aujourd’hui, je souhaiterais qu’elle se rassemble. La France a besoin que ma famille politique se rassemble, parce qu’autrement, entre Marine Le Pen et Monsieur Mélenchon, il n’y a plus de prise. J’espère qu’elle arrivera à se rassembler et surtout qu’elle reste avec ses convictions. Je ne souhaite pas qu’elle prenne des convictions qui ne sont pas les miennes.

Entendez-vous des convictions qui ne sont pas les vôtres au sein des LR ? La ligne Wauquiez vous correspond-elle ?
S’il reste sur la ligne républicaine, ça ira ; s’il part plus à droite… je suis un homme libre. Je ne renierai jamais mes convictions.

‘‘Si on n’aime pas les gens, on n’est pas aimé”

Alain Juppé, que vous souteniez aux primaires, n’a pas renouvelé sa cotisation LR. Avez-vous renouvelé la vôtre ?
Bien sûr. Alain Juppé fait ce qu’il veut. Et on aurait bien besoin de lui aujourd’hui dans notre pays. On aurait bien besoin de l’expérience et de la sagesse d’Alain Juppé. Les choses en ont décidé autrement.

Que pensez-vous de la position de Thierry Mariani, qui a rejoint le Rassemblement national ?
Franchement, je ne veux même pas en discuter. Moi, je sais d’où je viens. J’ai beaucoup de respect pour les miens et je resterai toujours celui que je suis. Mes convictions sont avant tout humanistes. Si on n’aime pas les gens, on n’est pas aimé.

Plus grande la Métropole ?

Interrogé sur la possibilité de voir la Métropole Toulon Provence Méditerranée intégrer de nouvelles communes, Hubert Falco, son président, reconnaît que « jusqu’à maintenant », il y était « fermé » : « Il fallait d’abord bâtir des fondations solides. »

Désormais, il accepte l’ouverture aux communes de la vallée du Gapeau. « Il y a une suite territoriale. » Mais seulement après les élections municipales, précise-t-il : « Ce seront les nouveaux maires qui verront ce qu’ils veulent faire. »

C’est dit

RCT : « C’est ma vie le RCT, je l’aime, et ne pas le voir gagner me fait souffrir (1) . Aujourd’hui, il n’y a pas d’épine dorsale, pas de pack solide. Il faut un patron sur le terrain. »

André Herrero : « C’est mon idole, un joueur exceptionnel. C’est aussi un communiste de première, mais on s’entend. Comme quoi… »

La Légion d’honneur : « Quand j’ai reçu la médaille du Mérite agricole, je n’ai pas demandé à me la faire remettre, par humilité. Mais pour la Légion d’honneur, j’ai déjà une idée de qui pourrait me la remettre et je choisirai un moment qui me tient à cœur. »

Les réseaux sociaux : « C’est un outil qui est mal appréhendé et qui peut devenir dangereux. Mais c’est aussi un outil politique et il faut en tenir compte. »

Édouard Philippe : « Je m’entends bien avec le Premier ministre. Qu’ils le gardent ! Il a l’avantage d’avoir les pieds par terre. »

Les quartiers : « On n’a pas de foncier pour pouvoir y mener de grands projets. À Saint-Jean-du-Var ou au Pont-du-Las, il faut plutôt aérer. Quant au Mourillon, vous ne me voyez pas le défigurer ! Mais nous avons pour les quartiers des projets de proximité. Si je dois construire deux groupes scolaires, ce sera dans les quartiers. ».

« J’ai de l’énergie et l’envie de travailler »

Allez-vous vous représenter aux municipales en 2020 ?
Je travaille. On n’en est pas encore là. Vous le saurez en février 2020. Pour le moment, je suis le maire de Toulon et j’ai de magnifiques projets pour cette ville.

Vous faites planer le mystère… Tant que j’ai de l’énergie, je la mettrai au service de mes concitoyens. Et j’ai de l’énergie. Je ne me vois pas aller prendre le soleil.
Candidat ou pas, j’ai envie de travailler.

Quel regard portez-vous sur l’opposition ?
Je n’ai pas à critiquer l’un ou l’autre. Ils diront ce qu’ils voudront et les gens vont voter. Vous savez, je suis sensible à la bêtise, pas à la critique. Quand j’entends qu’on me félicite avec ironie pour ma Légion d’honneur ou qu’on dit qu’à Toulon, c’est un désert culturel, ce n’est pas de la critique, c’est de la bêtise. C’est de l’opposition pour se poser.

‘‘Je suis sensible à la bêtise, pas à la critique

Êtes-vous prêts à débattre avec d’autres candidats?
Je suis prêt à débattre avec qui vous voulez. La vie est un débat.

Quelles sont les thématiques qui vont animer la prochaine campagne selon vous ?
Un maire, c’est un généraliste. Ce sont les grands dossiers qui vont faire changer la ville et le quotidien.

Et le tramway ?
Ça fait trois mandats que j’en entends parler. En 2001, j’ai évité une catastrophe. On ne peut pas faire de tramway sur la ville de Toulon.

Pourquoi la polémique sur le sujet tramway dure-telle depuis si longtemps ?
Parce qu’elle est menée par des gens qui confondent dossier et intérêt général. Si j’avais été pour le tramway, ils auraient été pour le bus.

Autre question qui pourrait animer la prochaine campagne municipale : la pollution atmosphérique…
Nous en tenons toujours compte dans les projets que nous menons. Si demain il y a un projet « croisière », il sera propre. C’est ce que pensent mes concitoyens qui m’intéresse. Mais il faut aussi avancer.

Si vous faites un nouveau mandat, sera-t-il l’occasion de préparer votre dauphin ?
Il va bien falloir que je l’envisage. Ce n’est pas « après moi, le déluge », ce serait irresponsable. Je vais faire en sorte qu’il y ait une suite à ce que j’ai fait depuis 2001. Je vais penser à des gens qui sont capables. J’ai des idées.

Le regard tourné vers l’avenir… et Montéty

Montéty-Zénith. Alors que le Quartier de la Créativité et de la Connaissance doit être inauguré sur l’ancien site de Chalucet à l’automne, Hubert Falco a déjà le regard tourné vers la suite. « Le prochain grand projet, c’est Montéty-Zénith. » La démolition de l’ancienne cité devrait en effet occupé une bonne partie de l’année : « Fin septembre, il n’y a plus rien ! » Le réaménagement du quartier démarrera avec l’Institut de formation des professions de santé (infirmier, kiné, podologue, etc.), le long du boulevard Louvois. Mais le projet va bien au-delà. L’îlot Montéty lui-même devrait accueillir un parc d’activités et une résidence services « nouvelle génération ». Un hôtel a d’ores et déjà été annoncé, sans qu’on en sache plus pour le moment. Idem pour l’installation d’une administration d’État. Un peu plus loin, entre le Zénith et le bâtiment du Cirfa (centre de recrutement de l’armée), la création d’un hôtel d’entreprises du numérique et d’un data center est déjà formalisée avec la société Alcatraz.

La reprise d’activité sur un site implique forcément une plus grande fréquentation et donc des besoins en termes de déplacements, de stationnement. Ainsi, outre le maintien du parking gratuit du Zénith, le projet Montéty prévoit, entre la préfecture et la salle de concert, la création de sept cents places de stationnement en extérieur. Ceci, en plus de deux parkings souterrains privés. Une nouvelle passerelle permettra un accès en mode « doux » (à pied, à vélo…) au site réhabilité depuis la gare et la gare routière.

Bien sûr, le patrimoine sera préservé. À l’instar de l’église de Montéty, la caserne Lamer sera conservée et réhabilitée. En termes de calendrier, le maire annonce un dossier bouclé, et donc livré, à la fin 2022. « Sauf, peut-être la passerelle », précise-t-il.

La Loubière. Dans le même temps, « ce sera la Loubière », ajoute Hubert Falco. Plus de 70 000 m² qui accueilleront notamment les archives départementales et municipales, ainsi que les réserves muséales de Toulon – Provence – Méditerranée, de la Ville et du Département. On devrait également y trouver une caserne de pompiers flambant neuve, remplaçant celle du Port-Marchand. Une première tranche également attendue d’ici à fin 2022.

Pour le reste, différentes possibilités sont toujours à l’étude ou en cours de formalisation : résidence seniors, services administratifs, bureaux…

Mayol à Pipady. Plus au sud, c’est un autre dossier phare pour la ville et l’ensemble de la métropole qui devrait commencer à se dessiner. Littéralement, puisque le projet « Mayol à Pipady » entrera dans sa phase de concours dans le premier semestre 2019.
« D’abord, un concours d’urbanisme, parce qu’on n’a pas la science infuse et qu’il faut savoir ce qu’on peut faire », précise le maire. S’ensuivra un appel projets à destination d’architectes et d’opérateurs. Grâce au cahier des charges bouclé par le comité de pilotage, on peut cependant être déjà certain que le projet ne comptera ni marina, ni grand ensemble de logements privés. En revanche, et « c’est la seule obligation », indique Hubert Falco, le projet comportera le fameux quai de croisière, « dessiné par la Marine » et qui « tiendra compte des normes environnementales ».

Et aussi. Au-delà de ces projets, « la transformation de Toulon continue ». Et elle passe notamment par la remise à neuf des Halles, la poursuite de la rénovation du cœur de ville, l’inauguration, en 2020, de deux hôtels (Okko et rue Victor-Micholet) ou encore un projet culturel dans l’ancien évêché.

Une annexe du centre Pompidou

On n’en sait pas forcément beaucoup plus, Hubert Falco ayant préféré en garder le plus possible pour plus tard. Mais, parce que « ce n’est quand même pas rien », le maire n’a pas pu s’empêcher de lâcher que « le centre Pompidou a décidé de faire de Toulon l’une de ses annexes ». Où, quand, comment ? Tout reste à préciser. Mais : « On n’a pas fini de vous étonner ! » Une façon de répondre à ceux qui taxent la ville d’être « un désert culturel ».

À part ça…

Il fait quoi Hubert Falco quand il retire sa casquette de premier magistrat, descend de son fauteuil de président de Métropole ? D’abord, il précise que « le travail de maire, ça prend beaucoup de temps ». Quand il lui en reste, il l’emploie de manière simple. « J’aime le sport », note-t-il par exemple. Il reconnaît que l’âge fait son œuvre et qu’il a dû « freiner un peu ». « C’est sûr que je ne monte plus le Faron, mais je fais autre chose : je nage, je marche sur la plage… »

Il dit aussi s’occuper de Fly, « [son] petit chien qu’ [il] adore », un cavalier king-charles.

Et puis, il lit. « En ce moment, c’est La Dernière fois que j’ai rencontré Dieu, de Franz-Olivier Giesbert. J’aimais beaucoup Aznavour, donc on m’a récemment offert un livre sur sa vie. » Devant des carnets noircis de son écriture, Hubert Falco explique qu’il « aime aussi beaucoup écrire ». De là à écrire ses mémoires ? « Pour l’instant, j’écris l’avenir de Toulon. »