Discours d’Hubert Falco à l’occasion du rassemblement contre l’antisémitisme

Un appel national au rassemblement contre l’antisémitisme a été lancé pour ce mardi 19 février.

Dans ce cadre, j’ai souhaité organiser un rassemblement symbolique ce matin, devant le Monument aux Morts de notre Ville de Toulon, afin de manifester notre indignation, notre engagement et notre détermination à lutter contre l’obscurantisme, la haine et la violence physique et verbale.

Je vous invite à découvrir le discours que j’ai prononcé à cette occasion, aux côtés des représentants des différentes confessions religieuses et philosophiques de notre ville :

Mes chers collègues,
Mes chers concitoyens,

La France, pays des droits de l’homme, connaît actuellement un climat de haine, intolérable, insupportable.
Notre pays vit des heures d’une violence inouïe, violence physique et verbale, l’une n’étant pas moins grave que l’autre.

La colère et la souffrance qui s’expriment dans nos villes et nos villages depuis plusieurs mois ne sauraient justifier ces graves dérives qui déshonorent la République française. La cote d’alerte est largement dépassée.

Samedi dernier à Paris, un philosophe éminent, membre de l’Académie Française, a été violemment agressé en raison de ses origines et de ses opinions.
De virulentes insultes antisémites et des menaces ont été proférées contre lui.
Il a fait face avec dignité et sang-froid à la bêtise haineuse de ses agresseurs.
Mais que serait-il advenu si les forces de l’ordre ne s’étaient pas interposées pour le protéger ?

Cette agression n’était pas le premier acte d’antisémitisme que nous ayons eu à déplorer ces derniers jours en France.

Dans l’Essonne, un arbre planté pour perpétuer le souvenir d’un jeune homme torturé à mort parce qu’il était juif a été profané.

A Paris, des croix gammées ont été tracées sur des portraits de Simone Veil.
L’offense faite à la mémoire de cette femme admirable m’a profondément blessé.

Vous le savez, j’ai eu l’honneur d’accompagner Simone Veil à Auschwitz en 2010 et j’avais alors cosigné avec elle une tribune intitulée : « Nous sommes allés à Auschwitz parce que le mal n’est pas mort. »

Nous sommes en 2019 et nous venons d’apprendre qu’en 2018, les actes antisémites recensés en France ont augmenté de 74% par rapport à 2017.

Il ne faut pas que l’indifférence et le silence donnent le sentiment que l’antisémitisme ne concerne que les juifs. Il concerne la France dans son ensemble.

Charles Péguy a écrit :
« Il faut toujours dire ce que l’on voit ; il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

Non, le mal n’est pas mort.
Il faut avoir le courage d’ouvrir les yeux.

Notre pays a besoin de mesures fortes pour enrayer cette gangrène car à travers les insultes, les menaces, les graffitis antisémites, c’est la haine qui s’exprime.

La haine de l’autre, qui défigure le visage de notre République, est indigne de notre pays.

Mes chers collègues,
Mes chers concitoyens,

J’ai souhaité que nous nous réunissions symboliquement, ce matin, devant le Monument aux Morts de notre ville qui témoigne de tant de sacrifices consentis pour notre pays, pour sa liberté, par des hommes et des femmes de toutes origines et de toutes confessions.

Nous devons affirmer ensemble notre indignation, notre engagement et notre détermination à lutter contre le racisme, la haine et la violence.

Je voudrais aussi que nous réaffirmions ensemble notre amour pour la France.

Une France rassemblée, pacifiée et fraternelle.
Notre France, cette grande Nation.

Vive la République !
Vive la France !